Ozone (O₃)

L’ozone est un polluant secondaire qui n’est pas émis directement par une source, mais résulte de la transformation chimique d’autres polluants, dit polluants précurseurs, sous l’effet du rayonnement solaire (photochimie). Il n’y a donc pas véritablement d’émissions d’ozone, à proprement parler.

Les composés organiques volatils (COV) et les oxydes d’azote (NOx) sont les principaux précurseurs à l’origine de la formation d’ozone (les oxydes d’azote sont à la fois des précurseurs et des consommateurs d’ozone). C’est donc principalement sur les émetteurs de ces deux familles de polluants que les actions pour limiter la formation d’ozone se concentrent, malgré son caractère complexe et multifactoriel.

Les épisodes d'ozone démarrent généralement sur une zone émettrice de précurseurs (zones urbaines, zones industrielles), puis migrent au gré des vents sur les zones périphériques où les COV biogéniques (émis par les plantes) intègrent et prolongent les réactions photochimiques. Par ailleurs, plus de la moitié du niveau de fond en ozone observé dans la région n'est pas produit localement, mais provient du reste de l'hémisphère nord, pas le biais des échanges entre la couche de l'atmosphère proche du sol et la troposphère libre.

Pour la première fois depuis le début de mesures, en 2024, la Valeur Cible pour la protection de la santé a été respectée sur la grande majorité des stations de mesures de la région. Ce seuil est encore dépassé dans certaines zones rurales. Les niveaux sont moindres dans :

  • les vallées alpines, qui restent à l'écart des zones de plus forte photochimie,
  • les zones urbanisées, en raison de la présence en excès d’oxydes d’azote qui transforme l’ozone en d'autres polluants oxydants. Dans ce cas, les niveaux d'ozone plus faibles ne signifient pas qu'il y ait moins de pollution oxydante, mais simplement que cette dernière est sous une forme chimique différente.

La baisse des émissions locales de précurseurs ces vingt dernières années a permis de faire baisser le nombre de jours de "pointes" d'ozone liées à la photochimie locale, même si le niveau de fond en ozone reste très dépendant de la production d'ozone à l'extérieur de l'Europe. Par ailleurs, l'été 2024 a démarré avec une météo maussade, ce qui n'a pas favorisé la formation d'ozone.

Concentrations d’ozone (centile 93) dans la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2024

Comme pour le seuil de protection de la santé, la Valeur Cible relative pour la protection de la végétation a été respectée en 2024 sur une large portion du territoire. Là encore, cette baisse est liée à la conjonction d'une météo favorable de mai à juillet (période de calcul de l'AOT40) et de la baisse progressive des émissions de précurseurs par les activités humaines de la région ces 20 dernières années.

Concentrations d’ozone (AOT40) dans la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2024

Malgré cette baisse de la photochimie locale, la ligne directrice OMS (pic saisonnier) est encore largement dépassée sur toute la région, du fait du niveau de fond en ozone qui reste élevé. Cependant, ce niveau de fond est en grande partie causé par les transferts intercontinentaux d'ozone et les actions locales n'ont qu'une action limitée sur ce paramètre.

Concentrations d’ozone (pic saisonnier) dans la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2024

Statistiques utilisées

Le centile 93 est la valeur au-dessous de laquelle se situent 93 % des maximums journaliers des concentrations moyennes sur 8 h en ozone. Elle correspond ainsi à la valeur du 26e jour le plus pollué de l'année, et représente donc l'intensité des épisodes de pollution à l'ozone durant l'année. Cette mesure correspond à la Valeur Cible pour la protection de la santé humaine : 120 µg/m3 en maximum journalier des moyennes sur 8h à ne pas dépasser plus de 25 jours par an (en moyenne sur trois ans). Cette référence va être abaissé en 2030 par la nouvelle Directive Européenne pour un air plus pur pour l'Europe, à 18 jours par an maximum pour le même seuil (soit le centile 95).

L'AOT40 (Accumulated Ozone over Threshold 40 ppb) est un indicateur destiné à évaluer l'exposition de la végétation à cette pollution. Il somme la différence entre les concentrations horaires d’ozone supérieures à 80 µg/m3 et le seuil de 80 µg/m3, de mai à juillet, entre 8h et 20h. Cette mesure correspond à la Valeur Cible pour la protection de la végétation : 18000 µg/m3 d'AOT40 (en moyenne sur 5 ans).

Le pic saisonnier correspond à la moyenne des maximums journaliers des moyennes sur 8h en O3, au cours des six mois consécutifs avec la plus forte concentration en ozone. Malgré son nom, cet indicateur est représentatif du niveau de fond estival en ozone. Cette mesure correspond à la Ligne Directrice de l'OMS : 60 µg/m3 en pic saisonnier.

Le nombre et l'intensité des pointes d'ozone baissent depuis 20 ans grâce à la réglementation et aux plans d’action visant à limiter les émissions de précurseurs (NOx et COV). Cependant on observe une relative stabilité des niveaux de fond en ozone. Ainsi, l’ozone reste une problématique chronique pour l’ensemble de la région. Par ailleurs, les niveaux d'ozone sont marqués par une forte variabilité d'une année sur l'autre. Cette variabilité reste essentiellement influencée par des conditions météorologiques qui, selon les années, sont davantage propices à la photochimie.

En 2024, 42% des habitants de la région est exposée à des niveaux d’ozone ne respectant pas la valeur cible (période 2022-2024), soit plus de 2,1 millions de personnes. C’est une amélioration par rapport à 2015-2017 et 2010-2012 (70 % de la population exposée). La population des départements du Var et des Alpes-de-Haute-Provence est la plus exposée à la pollution photochimique, alors que les Hautes-Alpes sont relativement épargnées avec seulement 1 % des habitants vivant au-dessus de la valeur cible à l’ozone.