L’ozone est un polluant secondaire qui n’est pas émis directement par une source, mais résulte de la transformation chimique d’autres polluants, dit polluants précurseurs, sous l’effet du rayonnement solaire (photochimie). Il n’y a donc pas véritablement d’émissions d’ozone, à proprement parler.
Les composés organiques volatils (COV) et les oxydes d’azote (NOx) sont les principaux précurseurs à l’origine de la formation d’ozone (les oxydes d’azote sont à la fois des précurseurs et des consommateurs d’ozone). C’est donc principalement sur les émetteurs de ces deux familles de polluants que les actions pour limiter la formation d’ozone se concentrent, malgré son caractère complexe et multifactoriel.
Les épisodes d'ozone démarrent généralement sur une zone émettrice de précurseurs (zones urbaines, zones industrielles), puis migrent au gré des vents sur les zones périphériques où les COV biogéniques (émis par les plantes) intègrent et prolongent les réactions photochimiques. Par ailleurs, une part du niveau de fond en ozone observé dans la région n'est pas produit localement, mais provient du reste de l'hémisphère nord, pas le biais des échanges entre la couche de l'atmosphère proche du sol et la troposphère libre.
La pollution de fond en ozone reste d’actualité en 2022 avec une Valeur Cible pour la protection de la santé dépassée sur la majeure partie de la région, notamment dans les zones périurbaines et rurales sous les vents de la zone Marseille-Etang de Berre (nord et est des Bouches-du-Rhône, Vaucluse, sud des Alpes-de-Haute-Provence, Var). Les niveaux sont moindres dans :
- les zones très urbanisées, en raison de la présence en excès d’oxydes d’azote qui transforme l’ozone en d'autres polluants oxydants,
- les vallées alpines, qui restent à l'écart des zones de plus forte photochimie.
Concentrations d’ozone (centile 93) dans la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2023
La végétation est particulièrement exposée avec le non-respect de la Valeur Cible relative pour la protection de la végétation, notamment dans la ZAS régionale et les massifs littoraux.
Concentrations d’ozone (AOT40) dans la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2023
Le pic saisonnier, nouvelle ligne directrice OMS calculée sur la période la plus favorable à la production d’ozone, traduit la pollution de fond diurne estivale et confirme cette forte présence de l’ozone en 2023 avec le non-respect de cette ligne directrice sur la totalité du territoire régional.
Concentrations d’ozone (pic saisonnier) dans la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2023
Statistiques utilisées
Le centile 93 est la valeur au-dessous de laquelle se situent 93 % des maximums journaliers des concentrations moyennes sur 8 h en ozone. Elle correspond ainsi à la valeur du 26e jour le plus pollué de l'année, et représente donc l'intensité des épisodes de pollution à l'ozone durant l'année. Cette mesure correspond à la Valeur Cible pour la protection de la santé humaine : 120 µg/m3 en maximum journalier des moyennes sur 8h à ne pas dépasser plus de 25 jours par an (en moyenne sur trois ans). Cette référence va être abaissé par la future Directive Européenne pour un air plus pur pour l'Europe, en cours de signature, à 18 jours par an maximum pour le même seuil (soit le centile 95).
L'AOT40 (Accumulated Ozone over Threshold 40 ppb) est un indicateur destiné à évaluer l'exposition de la végétation à cette pollution. Il somme la différence entre les concentrations horaires d’ozone supérieures à 80 µg/m3 et le seuil de 80 µg/m3, de mai à juillet, entre 8h et 20h. Cette mesure correspond à la Valeur Cible pour la protection de la végétation : 18000 µg/m3 d'AOT40 (en moyenne sur 5 ans).
Le pic saisonnier correspond à la moyenne des maximums journaliers des moyennes sur 8h en O3, au cours des six mois consécutifs avec la plus forte concentration en ozone. Malgré son nom, cet indicateur est représentatif du niveau de fond estival en ozone. Cette mesure correspond à la Ligne Directrice de l'OMS : 60 µg/m3 en pic saisonnier.
Le nombre et l'intensité des pointes d'ozone baissent depuis 20 ans grâce à la réglementation et aux plans d’action visant à limiter les émissions de précurseurs (NOx et COV). Cependant on observe une relative stabilité des niveaux de fond en ozone. Ainsi, l’ozone reste une problématique chronique pour l’ensemble de la région.
Par ailleurs, les niveaux d'ozone sont marqués par une forte variabilité d'une année sur l'autre. Cette variabilité reste essentiellement influencée par des conditions météorologiques qui, selon les années, sont davantage propices à la photochimie.
En 2022, encore la moitié des habitants de la région est exposée à des niveaux d’ozone ne respectant pas la valeur cible (période 2020-2022), soit plus de 2,6 millions de personnes. C’est une amélioration par rapport à 2015-2017 et 2010-2012 (70 % de la population exposée). La population des départements du Vaucluse et des Alpes-de-Haute-Provence est la plus exposée à la pollution photochimique, alors que les Hautes-Alpes sont relativement épargnées avec seulement 1 % des habitants vivant au-dessus de la valeur cible à l’ozone.
